Dans le cadre du festival Guitare en fête Vitor Garbelotto, guitariste brésilien aux rythmes des grands classiques de la Samba et du Choros partagera le soleil brésilien avec le public français.
- son interview
- ses extraits musicaux
Concert »Du Nord au Sud »
Vitor
Garbelotto
Concert le Jeudi 24 mars à 20h00
Eglise du Sacré-Coeur à Marcq-en-Baroeul
Virtuose de la guitare classique, concertiste depuis l’âge de 15 ans, son style subtil et ses compositions mélangeant la samba, le jazz et la musique baroque ont séduit un public international et inspiré grand nombre de musiciens. Ce guitariste brésilien, profondément ancré dans sa culture d’origine, suit les traces de ses maîtres et nous livre une remarquable interprétation de ses œuvres.
Figure émergente de la nouvelle génération de guitaristes brésiliens, ce musicien et arrangeur s’est construit une solide carrière internationale au cours des dix dernières années !
PROGRAMME du CONCERT
- Candomblé – Baden Powell –
- Crepúsculo – Baden Powell –
- Canto de Iemanjá/Canto de Xangô – Baden Powell/Vinicius de Moraes –
- Dança Brasileira – Radamés Gnattali –
- Bossa Eterna – Raul de Souza –
- Saint Martin – Raul de Souza –
- Serelepe – Vitor Garbelotto –
- Sentindo bem – Roberto de Oliveira –
- Chovendo na Roseira – Tom Jobim –
- Papo de Anjo – Radamés Gnattali –
- Noites Cariocas – Jacob Bittencourt –
Vitor Garbelotto
Aujourd’hui concertiste, arrangeur, compositeur et professeur de guitare
Pour mieux le connaître…
Lisez l’interview ci-dessous…
Interview de Vitor Garbelotto
Autour d’un café, Vitor nous a livré son histoire… Retraçons son parcours
Né dans le sud du Brésil à Criciùma dans la région de San Catharina, Vitor découvre la guitare à 9 ans imitant son frère dans quelques accords, en lisant ses premiers diagrammes… Depuis lors la guitare ne le quitte plus !
C’est « la débrouille » pendant quelques années puis il se perfectionne en cours particuliers parce qu’il n’existe pas de structure comme les conservatoires en France sauf dans les grandes villes.
En parallèle de ses études musicales Vitor s’inscrit en faculté de médecine. Cette année fût marquée par de nombreuses grèves, lui donnant l’opportunité dans des bars et soirées privées. Au Brésil il y a beaucoup de proposition de jouer de façon spontanée, sans véritable programmation. Cela lui a permis de se perfectionner et de tester sa motivation.
Vitor se centre sur ses études musicales en prenant des cours particuliers avec Daniel Wolff à Porto Alegre. Solfège, technique à la guitare,… malgré les quatre heures de route par jour il poursuit son objectif : maîtriser son instrument.
Il rejoint ensuite l’université Unicamp de San Paolo en musique. Quatre années d’études musicales suivant les préceptes d’Abel Carlevaro, créateur d’une nouvelle école de la technique instrumentale en travaillant sur la posture, le développement de son et la philosophie générale de la musique. Il obtient deux diplôme en Guitare Classique et en Guitare Populaire. En même temps il donne de nombreux concerts dans le cadre de l’université offrant des espaces adéquats, du public. Perfectionnant sa mise en scène, sa technique, ces expériences lui ont permis de se construire en tant qu’artiste.
Soutenu par son professeur Ulysse Rocha, il participe à plusieurs concours, obtient différents prix de la musique brésilienne !
En 2010 Vitor réalise son premier disque des œuvres de Radamés Gnatalli inspiré comme lui de musique classique et populaire : « Complete Works for solo guitar ». Cela lui a permis d’obtenir le Prix APCA 2010 (prix des critiques d’arts de Sao Paolo) et une nomination au Prix de la Musique Brésilienne, en tant qu’Artiste révélation. C’est le premier enregistrement de son intégrale pour guitare, album produit par son professeur Ulysses. C’est un grand succès auquel il ne s’attendait pas !
Les soirées concerts suivent interprétant Radamés Gnatalli mais aussi Tom Jobim, Baden Powel, Pixinguinha et il prépare son deuxième album qui sortira en 2015 intitulé « Sarau para Radamés » produit par Paolo Bellinati. Cette fois il partage sa créativité et sa sensibilité autour des arrangements pour guitare seule de classiques de la musique brésilienne. Salué par la critique internationale, cet ouvrage a été également élu CD du mois par le magazine français « Guitare Classique »… En parallèle il donne des cours , s’intéresse à la littérature, à la poésie et s’essaye à l’écriture…
Mais au Brésil un artiste doit toujours recommencer à zéro, peu de perspective d’avenir sûr, fin 2015 Vitor décide alors de tout vendre et de partir en Europe avec femme et enfant. Passant par la vallée d’Aoste en Italie, donnant des cours, des masterclass il poursuit son périple et atteri à Nantes en France en 2016. Professeur de guitare dans plusieurs associations de la région nantaise et au conservatoire des sables d’Olone. Il assure aussi un concert au Brésil, d’autres en tournée au Danemark, Il fait partie du quatuor « Tau Quartet » avec qui il a fait plus de quarante concerts, dans les écoles publiques de plusieurs villes danoises. Il fait à Nantes des rencontres à la fois déterminantes et surtout pleine d’humanité : avec le violoniste Henrik André, avec le guitariste Michel Grizard, avec Benjamin Barreau ( fils de Pierre Barreau acteur et réalisateur passionné du Brésil). Ceux-ci lui apportant de l’aide pour ses projets, concerts de musique brésilienne.
Son travail le plus récent (2018), intitulé « Loro Project » est le résultat d’une rencontre entre le Brésil de Vitor Garbelotto et la France du violoniste Henrik André. Ce projet révèle au public des dialogues et connexions entre les continents. Dans le langage libre et improvisé du jazz, principalement traduit par les cordes du violoniste, l’enregistrement en quatuor (avec batterie et contrebasse) présente des sonorités jazz et sud-américaines, entremêlant des œuvres allant de Tom Jobim à Chick Corea.
« En France on a la chance de pouvoir en faire un métier avec un vrai statut : intermittent du spectacle ». Actuellement Vitor donne des cours particuliers, des masterclasses dans le Nord et poursuit sa carrière.
– Comment te définirais-tu aujourd’hui ?
Je suis tout d’abord guitariste mais aussi compositeur, arrangeur, poète (en portugais, ma langue natale), écrivain, professeur. Mon but est d’avoir un très bon son dans un répertoire de musique que j’aime entre le classique et le populaire brésilien. »
– Est-ce que ce changement de continent n’a pas été trop difficile ?
« Ce fut une énorme aventure ! Il a fallu un temps d’adaptation, de compréhension des codes sociaux … La guitare m’a beaucoup aidé ! »
– A quel moment as-tu su que tu en ferais un métier ?
« Une image nette me reste en souvenir, c’est l’image d’un de mes professeur de guitare écrivant de la musique sur une partition et je me suis dit c’est ça que je veux être ! Et puis après ma rencontre avec Yamandu Costa , a été determinante car mon rêve se réalisait. Ce musicien ne se classe dans aucun courant musical : il a créé son propre style avec son instrument de prédilection, la guitare à 7 cordes, réinventant les choros, sambas, bossas et autres musiques populaires du sud du Brésil.»
-Quels sont tes compositeurs préférés ?
« Radamés Gnatalli, Baden Powel, Pixinguinha, Ton Jobim, Villa-Lobos représentent pour moi une bonne synthèse de la musique brésilienne populaire »
– Quelles musique écoutes-tu en dehors de la guitare ?
« J’aime beaucoup Jean-Sébastien Bach, Maurice Ravel, Gabriel Fauré, Claude debussy, Sergueî Prokoviev mais j’écoute aussi du rock, de la pop… de tout, mais lorsque la musique sonne creux je ne supporte pas, quand il y a trop de technique et pas de coeur, vide de sens »
– Que fais-tu en dehors de la musique ?
« La musique ne me quitte jamais, j’ai comme une petite radio dans la tête… Je suis papa d’une petite fille de 7 ans, j’aime le cinéma, courir, nager, la nature, je m’intéresse aussi à tout ce qui touche au développement personnel… toujours à la recherche de sens sur ma vie… J’ai un côté mystique ! Je pense que cela a beaucoup influencé ma musique, y mettant du sens, un équilibre, ne pensant jamais au côté commercial ! »
– Quel est le rapport selon toi qu’a notre société avec la musique ?
« Au Brésil les manifestations populaires musicales sont très fortes, très vivantes, avec des rythmes forts auquel tout le monde participe, il y a plein de musiciens se produisant selon les opportunités, se faisant connaître essentiellement par les réseaux sociaux sans que ce soit un métier clairement défini. En France la musique surtout classique est plus intellectualisée, développée, enseignée dans de nombreuses écoles de musique, conservatoires, associations, des harmonies et les musiciens ont le statut d’intermittent du spectacle, statut reconnu apportant une sérénité, la possibilité de préparer des projets à longs termes. J’ai été surpris aussi du nombre d’associations loi 1901, le bénévolat est une institution en France. »
Quels sont tes projets ?
« Je déborde de projets !
Il y a d’une part les projets visant à développer mes cours, ma pédagogie sur la guitare brésilienne, notamment lors de mes interventions ponctuelles en Masterclasses (comme au Pôle sup de Poitiers etc..)… Je réfléchis à construire une chaîne Youtube, quelques tutoriels à partir de pièces particulières en déclinant leur apprentissage…
Et d’autre part mes projets artistiques :
– comme la production d’un troisième album autour de Baden Powel,
– développer les concerts en duos avec Roberto De Olivera au trombone et à la mandoline, le trio « Soltacorda » (qui veut dire « lâcher la corde ») avec Roberto De Olivera et Osman Martins aux percussions et au cavaquinha (petite guitare brésilienne à 4 cordes ),
– continuer à travailler dans le collectif« Bossa Flor » ( collectif développant des projets autour de la Bossa…) avec Philippe Quevauviller à Bruxelles développant de multiples connexions avec la musique française et brésilienne comme Brassens avec la musique brésilienne …
– continuer le partenariat avec l’association Açaî qui produit le « Lille Choro festival » dont je suis le coordinateur artistique.
– et puis j’ai commencé avec ma femme Camilla Nobre, spécialiste en théatre, à monter un spectacle « jeune public » appelé « terra Curumina » (« Curumina » veurt dire « enfant » en terpi, langue d’un peuple brésilien).
Enfin ce sont plein de rencontres d’amoureux d’échanges multiculturels autour de la chanson française, la musique brésilienne et le jazz.
– Aux quelques questions extraites du questionnaire de Proust Vitor Garbelotto a répondu :
Si tu étais une couleur ? Vert
Si tu étais une animal ? Un aigle
Si tu étais un jour de semaine ? Lundi
Si tu étais un arbre ? La Dame de la nuit, un jasmin au Brésil dont les fleurs secrètent leur parfum la nuit
Si tu étais un lieu ? Le bord de mer
Si tu étais un défaut ? Mégalomane
Si tu étais une qualité ? La résilience
Si tu étais une corde de guitare ? Le ré grave
Si tu étais un son ? Le rire
Si tu étais un plat ? La polenta
Quelques vidéos des prestations de Vitor Garbelotto
à consulter : sa chaine youtube avec cours, prestations….